Issam Ajali – Mouasalat Ila Jacad El Ard, le bijou de folk réédité par Habibi Funk

issam ajali Mouasalat Ila Jacad El Ard

Le label allemand Habibi Funk spécialiste des disques oubliés d’Afrique et du Moyen-Orient des années 70-80, a mis la main sur une de ces plus belles pépites : ce premier et unique album solo d’Issam Ajali.

Cet auteur-compositeur libanais, leader du groupe Ferkat Al Ard, sort cet album solo en exil au milieu des années 70, fuyant la guerre entre le Liban et la Syrie qui s’annonce et qui dura finalement 15 ans. Très engagé politiquement au sein de l’extrême gauche locale, il trouve refuge en France à Paris, où il enregistre cet incroyable premier essai en 1977.

Ce « Mouasalat Ila Jacad El Ard » enregistré en un jour – faute de moyen – a tout d’un classique, mélangeant avec beaucoup d’élégance la folk la plus intemporelle avec des musiques traditionnelles arabes et une touche de jazz.

De retour à Beirut en fin d’année pour finir l’enregistrement, mais toujours sans moyen, il se voit accorder peu de temps en studio pour peaufiner son album. Hélas en temps de guerre, il ne trouve aucun label pour publier son bijou. Qu’à cela ne tienne : le boug a mixé et sorti son album tout seul, le vendant et l’offrant à ses proches.

Il aura fallu que l’une des 100 copies se retrouve dans les mains de Riad Zahbani, le fils de Fairouz Zahbani, star libanaise de la chanson, pour que l’album soit un tant soit peu diffusé et écouté, dans un cercle restreint de zicos à Beirut qui ne s’agrandira jamais vraiment.

Source : discogs.com

Mais ça, c’était bien entendu avant que Jannis Stürtz, qui a créé le label de défricheur Habibi Funk, ne donne une seconde chance à « Mouasalat Ila Jacad El Ard », un album moderne et inspiré, qui est réédité à la bonne époque : celle du digging. Il serait débarqué quelques décennies plus tôt en Europe, on lui aurait collé une étiquette « world » et il aurait fini en réduction à la Fnac entre un Khaled et un best-of des Gypsy Kings.

Alors il y a beaucoup de choses à redire sur les grands chevaliers blancs qui viennent sauver des disques perdus de régions sous-développées, mais le travail du label allemand aura permis de rendre la visibilité à un artiste et un album qui la mérite. Alors merci pour ça.